L’impact, nouvelle boussole du financement ?

L’Imagine Summit a réuni à Rennes plus de 1500 participants, le 7 décembre dernier, au Couvent des Jacobins. Co-organisé par le Poool, Destination Rennes et l’INRIA, cet événement a réuni des acteurs de tout bord autour de la thématique de l’innovation vertueuse. Plus largement, il accueille tous les visiteurs venus s’inspirer pour assister à des conférences, faire de nouvelles rencontres ou découvrir les entreprises présentes dans le village des exposants. Parmi les conférences proposées, « L’impact l’autre boussole du financement »*. Compte-rendu des échanges qui mettent en lumière une doctrine sous les feux de la rampe mais dont les contours restent difficiles à définir.

*Autour de la table : Arnaud Giraudon – Gololutic ; Mari Kameyama – Investir&+ ; Marie Pirotais – Biosency ; Frédéric Lachêvre – Cool Roof France. Animation : Céline Monsallier

Même s’il est communément admis que le terme « impact » renvoie aux 17 objectifs de développement durable énoncés par l’ONU, la table ronde organisée lors de l’Imagine Summit, à Rennes, a montré que sur le terrain, la situation semble plus contrastée. Car comme toute entreprise, celles dites « à impact » doivent passer par l’étape du financement. Or, si plusieurs fonds se revendiquent comme tels, il n’est pas toujours facile pour les entrepreneurs de faire valoir cette spécificité.

Un mot revient souvent dans les échanges : l’intentionnalité de l’entrepreneur et du projet de l’entreprise quant à cet objectif d’avoir un impact positif sur un secteur, un domaine d’activité, une population etc…Mais cela ne suffit pas toujours.

Exemple d’entrée de jeu avec la prise de parole de Marie Pirotais, CEO de Biosency. L’entreprise a créé un système d’aide simple d’accès pour les malades atteints d’insuffisance respiratoire (elle rappelle que c’est la 3e cause de mortalité au monde). « Nous apportons une solution de médecine préventive dont nous sommes convaincus de l’impact : elle évite la mort de nombreux patients atteints d’insuffisance respiratoire. »

Avec un constat : le point d’achoppement avec les fonds d’investissement concerne souvent le calcul des émissions (évitées) de gaz à effet de serre. « Notre solution numérique utilise des serveurs donc c’est certain que sur cet aspect, nous ne sommes pas les plus vertueux. »

Des fonds dédiés

Mari Kameyama fait partie d’INVESTIR&+. Ce fonds d’investissement dédié aux projets positionnés sur les enjeux d’impact intervient dans des secteurs comme l’éducation, la santé, la nutrition, la réparation, le maintien à domicile. Elle en profite pour détailler les critères recherchés auprès des porteurs de projet :

  • L’accessibilité au plus grand nombre (que les solutions proposées puissent être accessibles à un nombre important de personnes).
  • Le potentiel d’impact systémique : « nous soutenons des projets qui ont la capacité de changer leur secteur ».

Le fonds INVESTIR&+ a pris des participations dans une vingtaine de sociétés avec des noms désormais bien connus comme Yuka, Make.org, Murfy. Investisseur et multi-entrepreneur, Arnaud Giraudon, fondateur entre autres de la banque en ligne Fortuneo, rappelle que même dans l’impact les fondements de l’investissement restent les mêmes. « On est très attachés à la qualité des équipes mais on peut aussi avoir des exigences de rentabilité fortes. Certains fonds l’assument ouvertement. »

Les performances extra-financières

De manière générale, des débats persistent sur la façon d’évaluer les projets. Les intervenants rappellent que certains remettent en question l’idée même de compenser les émissions de gaz à effet de serre car l’enjeu réside surtout dans le fait de ne plus en émettre. Il y a également des performances extra-financières de l’entreprise qui pourraient être plus mises en avant. Chez Cool Roof France, le choix a été fait de consacrer 10% des profits de l’entreprise bretonne à des projets « non-profit ». « On ne voulait pas être de simples vendeurs de peinture mais plus globalement des offreurs de solutions », précise Frédéric Lachêvre, l’un des co-fondateurs. Le pôle solidarité de la société participe à accompagner des projets en France et à l’international. Si ces activités sont difficilement quantifiables, ce principe est inscrit dans les statuts de l’entreprise.

Rester focus

La table ronde se termine par des conseils à ceux et celles qui souhaiteraient entreprendre et promouvoir des solutions à impact. « Quand on va voir des fonds, on est souvent challengés et notamment sur l’avenir ou sur d’autres marchés que l’on pourrait adresser, ajoute Frédéric Lachêvre. Je crois qu’il faut rester focus sur ce que l’on sait faire. » Et Arnaud Giraudon de rappeler : « on entreprend pour résoudre un problème d’une cible de clientèle précise, ensuite seulement on choisit la technologie qui va permettre de le résoudre. »

Impact ou pas, les fondamentaux restent donc les mêmes.

Article écrit par Servane Philippe

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