Illsutration baromètre crowdfunding 2023. Deux personnes dans un canapé avec un ordinateur réalisant des opérations de placement.

Baromètre 2023 : en France, le crowdfunding résiste et prospère malgré les défis.

En ce début d’année 2024, l’association Financement Participatif France (FPF) et le cabinet Mazars révèlent leur baromètre annuel du crowdfunding. Cette publication, la cinquième du genre, résulte d’une enquête menée auprès de 150 plateformes spécialisées. Affichant une collecte totale dépassant les 2 milliards d’euros en 2023, le financement participatif se révèle être une option de financement de plus en plus prisée par divers secteurs économiques, incluant l’immobilier, les énergies renouvelables, ainsi que par les PME et TPE. Le secteur du crowdfunding a par ailleurs connu une transformation majeure depuis novembre 2023, marquée par l’application du PSFP, un agrément européen destiné à réglementer le marché. Retour sur les éléments essentiels du rapport 2024.

Avec 2 089 millions d’euros collectés, les plateformes de crowdfunding en France ont dépassé, pour la deuxième année consécutive, le seuil des 2 milliards. Bien que représentant une baisse de 11% par rapport à 2022, cette performance réaffirme l’attrait des Français pour ce type de placement.

Financement Participatif France (FPF), association de référence du secteur souligne : « Depuis 2015, les chiffres du crowdfunding ont été multipliés par 12, cumulant plus de 9 milliards d’euros, tout modèle transactionnel confondu (don, prêt, investissement) ». Cette remarque, faite à l’occasion de la diffusion du baromètre le 8 février 2024, met en lumière l’importance croissante du crowdfunding comme solution de financement pour les entreprises et comme outil de diversification de placement pour les contributeurs des campagnes.

Photo de Damien Guermonprez, Président de Financement Participatif France

« L’intérêt du crowdfunding pour le financement de l’économie réelle se confirme encore en 2023 »

Damien Guermonprez, Président de Financement Participatif France

En 2023, malgré un recul de la collecte globale, le crowdfunding a vu une hausse significative du nombre de projets financés, avec une augmentation de 31% pour atteindre 157 535 projets, contre 120 107 l’année précédente. Bertrand Desportes, Associé chez Mazars, commente : « Le crowdfunding a de nouveau démontré son utilité auprès de plus de 150 000 porteurs de projets et a su convaincre plus de 3 millions de Français. »

L’année passée a également révélé une grande disparité sectorielle, influencée par la crise de l’immobilier et des fluctuations économiques et géopolitiques marquées.

L’immobilier, malgré les difficultés, conserve sa position de leader dans le secteur du crowdfunding.

Le marché immobilier subit une tension significative depuis quelques mois, caractérisée par une augmentation des taux de crédit qui entraine, inévitablement, une réduction des transactions. En conséquence, le montant collecté par les plateformes de crowdfunding immobilier a chuté de 28%, retombant à un niveau similaire à celui de 2021, soit 1,1 milliard d’euros. Désormais, la collecte, principalement réalisée via des opérations de prêt obligataire, ne constitue plus que 55,6% du total amassé par les plateformes, avec une prédominance pour le secteur résidentiel.

La majorité des fonds collectés est investie dans des initiatives de rénovation d’espaces et de recyclage urbains. Ces projets illustrent un mouvement positif vers la revitalisation des cœurs de ville, en transformant et en modernisant les bâtiments et les espaces pour répondre aux besoins actuels. De plus, le secteur du crowdfunding immobilier se distingue par l’émergence d’une tendance innovante : les projets d’immobilier fractionné. Bien que représentant 2% des initiatives financées, cette approche marque une évolution notable dans les stratégies d’investissement.

La diminution des transactions sur le marché a également conduit à une réduction du nombre de projets financés, passant de 1 628 en 2022 à 1 237 en 2023. Ce déclin, signe de la pression exercée sur le marché immobilier, se traduit par un volume de projets financés inférieur à celui de 2021.

Ce contexte difficile a provoqué une augmentation des retards de paiement de plus de six mois et un accroissement des procédures collectives. Comme le souligne le baromètre, « le crowdfunding n’est pas à l’abri des réalités économiques des marchés qu’il finance ».

Un profil de financeur se dessine.

Illustration du financeur crowdfunding type en 2023.

Le baromètre 2023 du crowdfunding révèle des informations clés sur le profil des financeurs participant aux diverses formes de financement participatif, incluant les dons, les prêts et les investissements. Voici les principales caractéristiques de ces contributeurs :

  • Age moyen : 45-46 ans tous supports de placement confondus.
  • Répartition par genre : les opérations de financement sont à 53,6 % réalisées par des hommes.
  • Géographie : Le podium revient aux régions Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne – Rhône-Alpes qui représentent respectivement 28 %, 12 % et 10 % des opérations.

Des placements diversifiés dans un environnement de plus en plus réglementé.

Dans un paysage financier de plus en plus encadré, le crowdfunding continue d’évoluer avec une diversification de ses outils de financement. Historiquement dominé par les prêts sous différentes formes (obligations, minibons, prêts rémunérés), le prêt reste prépondérant en 2023. Toutefois, une rééquilibration s’observe : la part des prêts diminue au profit d’autres formes de financement qui gagnent en popularité.

  • Don (avec ou sans récompense) : En plein essor, cette forme de financement participatif a attiré plus de 3 millions de contributeurs en 2023, soutenant 150 000 projets. La collecte totale a bondi à 160,5 millions d’euros, en hausse significative par rapport aux 106,7 millions d’euros de 2022. Ce mécanisme bénéficie particulièrement au secteur culturel, aux initiatives solidaires et aux projets entrepreneuriaux.
  • Investissements participatifs : Connaissant également une croissance robuste, la collecte pour ces investissements a atteint 267,2 millions d’euros en 2023, contre 150 millions l’année précédente. Ce type de financement profite de l’élan des écosystèmes d’innovation en France et gagne en visibilité grâce à sa présence accrue dans les médias, notamment à travers des émissions télévisées populaires, à l’instar du programme « Qui veut être mon associé ? ». Les projets environnementaux et liés aux énergies renouvelables ont été particulièrement plébiscités. Avec les incitations à investir auprès de l’écosystème de l’innovation, impulsées au travers du rapport du député Paul Midy, la tendance pour 2024 est très positive pour le crowdequity.
  • Prêts : Cette catégorie a vu une chute notable, passant de 2 098 millions d’euros en 2022 à 1 661,2 millions en 2023. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, dont un secteur immobilier en difficulté et des défis financiers pour les TPE/PME suite à la fin des Prêts Garantis par l’État (PGE), l’augmentation des taux d’intérêt et une augmentation de la rémunération garantie de l’épargne. Malgré les efforts de rééchelonnement pour minimiser les pertes, les retards de remboursement ont augmenté. Néanmoins, les prêts obligataires, représentant plus de 80 % de la collecte, confirment leur attrait.

Enfin, le secteur constate une évolution notable cette année induite par l’uniformisation européenne du secteur au travers de l’agrément PSFP (Prestataire de Service de Financement Participatif). Cet agrément européen a entrainé la suppression du support de placement minibons.

L’attrait pour les énergies renouvelables, signe manifeste d’une épargne de plus en plus engagée ?

L’année 2023 marque un tournant pour les énergies renouvelables (EnR), qui émergent comme le domaine privilégié du crowdfunding. Les EnR ont suscité un vif intérêt, avec une collecte de 368 millions d’euros, enregistrant une augmentation de 11,5 % par rapport à l’année antérieure. La majorité de ces fonds a été orientée vers des projets financés sous forme de dette, soulignant l’engagement des investisseurs envers des initiatives écologiques telles que les parcs solaires, les fermes éoliennes et les centrales d’énergies renouvelables.

Le dynamisme du secteur est palpable, avec une croissance de 15 % du nombre de projets financés, qui atteint 351 projets contre 305 en 2022. Le crowdfunding dans les EnR représente maintenant 17,6 % de la collecte totale du secteur, affirmant son rôle crucial dans la transition énergétique. L’énergie solaire se distingue particulièrement, attirant 68 % des investissements, et est suivie par l’éolien et le biogaz.

Cette tendance reflète non seulement la confiance des investisseurs, mais aussi leur désir de contribuer à des projets ayant un impact environnemental positif. De plus, le taux de rendement interne de 6,6 %, bien qu’inférieurs aux rendements constatés sur d’autres secteurs, témoigne de la viabilité financière de ces investissements dans les EnR et malgré un paysage compétitif.

En 2023, l’entrée en vigueur du statut PSFP marque le cap d’une nouvelle structuration du secteur.

Le 10 novembre 2023 a inauguré une ère nouvelle pour le secteur du crowdfunding, avec une régulation accrue des plateformes offrant des titres financiers. Désormais, pour opérer, ces plateformes doivent obtenir un agrément européen, attribué en France par l’Autorité des Marchés Financiers. Cette évolution a entrainé la disparition du statut de Conseiller en investissements participatifs (CIP), tandis que le statut d’Intermédiaire en financement participatif (IFP) est désormais réservé exclusivement aux initiatives de dons et de prêts non rémunérés. Cette réforme vise à accroître la sécurité et l’attrait du crowdfunding pour les investisseurs.

Bertrand Desportes, Associé chez Mazars, souligne l’importance de cette transition : « 2023 représente un tournant pour le PSFP, offrant au secteur l’opportunité de progresser, tant en France qu’à l’échelle européenne, et de continuer à innover à travers la création d’un marché secondaire, le développement de l’immobilier fractionné et la tokénisation. »

Début 2024, 50 plateformes avaient déjà reçu l’autorisation d’exercer en tant que PSFP, signe d’une adoption rapide mais aussi contrainte de cette nouvelle norme. De plus, cette ouverture réglementaire permet aux plateformes européennes de s’étendre au-delà de leurs frontières, attirant ainsi 15 plateformes étrangères autorisées à opérer sur le territoire français. Cette étape marque un pas significatif vers une intégration et une expansion européenne du crowdfunding, promettant de nouvelles opportunités de croissance et d’innovation dans le domaine.

Les tendances pressenties pour 2024 ?

Pour 2024, le panorama du crowdfunding en France se dessine sous des augures prometteurs, malgré les obstacles rencontrés en 2023, notamment dans le secteur immobilier. Voici quelques tendances qui pourraient caractériser l’année à venir :

  • Augmentation des collectes à travers tous les canaux : Anticipant une croissance des financements, on s’attend à une augmentation des montants collectés pour les différentes formes de crowdfunding : dons, prêts, et investissements. Cette hausse témoigne de la confiance renouvelée des financeurs et de l’élargissement de la base de contributeurs.
  • Relance du secteur immobilier : Après une année difficile, le crowdfunding immobilier devrait connaitre un rebond en 2024, posant les bases d’une accélération notable en 2025. Ce redressement serait stimulé par une meilleure adaptation du marché aux conditions économiques et une demande soutenue pour des projets de développement durable.
  • Reconfiguration du secteur via le PSFP : L’introduction de l’agrément PSFP va continuer de remodeler le paysage du crowdfunding. Cette évolution devrait favoriser l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché et encourager une européanisation des plateformes françaises, renforçant ainsi la compétitivité et l’innovation au sein du secteur.
  • Innovations pour attirer de nouveaux investisseurs : La tokénisation, qui consiste à émettre des tokens ou jetons numériques représentant un investissement dans un actif réel, devrait gagner en popularité. Cette approche offre une plus grande liquidité, une simplification des transactions et ouvre le crowdfunding à un public plus large et technophile.

En somme, 2024 s’annonce comme une année de consolidation et d’innovation pour le crowdfunding en France, avec des perspectives d’expansion tant sur le plan national qu’européen, portées par l’adaptation réglementaire et l’introduction de nouvelles technologies financières.

Découvrir l’intégralité du Baromètre 2023 du crowdfunding en France publié par Mazars et Financement Participatif France.

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